Changeons notre système électoral
Le débat entre scrutin majoritaire ou proportionnel s’éternise : assez d’’idéologie, avançons sur la base de constats objectifs.
1. Le scrutin majoritaire souffre de sérieuses limites
– Le scrutin majoritaire à 2 tours ne garantit plus l’émergence automatique d’une majorité pour laquelle il fut choisi :
Notre vie politique enregistre une fragmentation croissante.
4 grandes familles et 12 groupes politiques à l’Assemblée nationale 2024. La bipolarisation (avec alternance) qui a fait fonctionner nos institutions cède la place à une demande citoyenne d’offre politique bien plus diversifiée. Ni anomalie, ni parenthèse, l’absence actuelle de majorité exprime la volonté profonde des électeurs : tirons-en les conséquences !
– Le scrutin majoritaire produit des aberrations démocratiques :
Multiples exemples de sur ou sous-représentation. En 2024 ,100 % de députés du Gard sont RN et 100 % de Seine-Saint-Denis de gauche (9 LFI). Le FN a 2 députés en 2012 quand Marine Le Pen atteint 17,9 % à la présidentielle. Le MoDem est laminé en 2007 par des combines de partis dont le scrutin majoritaire devait nous prémunir…
– Le scrutin majoritaire favorise aujourd’hui les extrêmes
Sa radicalité binaire fait souvent dépendre une élection d’alliances de circonstance qui concernent tout autant la Droite et… le Centre. La mise à l’écart de courants politiques très soutenus par de nombreux électeurs fait croître un rejet radical de la politique et de l’intérêt collectif.
La quasi-totalité des pays de l’UE pratique la proportionnelle qui permet de forger des coalitions d’intérêt général tenant réellement compte d’une pluralité d’opinions.
Le MoDem plaide pour un arc central et républicain – des socio-démocrates /écologistes aux LR – pour la stabilité et le progrès du Pays. Cet objectif serait déjà atteint sans la crainte de toutes ces formations de perdre de prochaines élections à cause de notre mode de scrutin.
2. Le scrutin proportionnel est souhaitable mais à certaines conditions
– Une proportionnelle intégrale :
Un système mixte combinant scrutin majoritaire et dose de proportionnelle – expérience de la VIIIème Législature (1986-88) ou Régionales (scrutin proportionnel de liste avec prime majoritaire) – cumule les inconvénients des 2 régimes. Et écarte de facto les oppositions de tout rôle actif.
– Des candidats choisis au plus près du terrain
Le lien nécessaire entre électeurs et élus exclut 2 modalités : circonscription nationale à la main des appareils / circo intermédiaire, les Régionales montrant un choix réel des électeurs très limité et des élus éloignés du terrain.
L’échelle du Département permettra aux citoyens d’influer directement sur le choix des candidats.
Ériger le scrutin majoritaire en totem :
– pousse aux postures et radicalise les citoyens minorisés
– empêche de réunir une famille centrale indispensable et de développer une culture de compromis
– pave le chemin de l’extrême-droite.
Marc Boisnel – Modem 50