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Immigration et intégration : l’histoire d’un parcours, d’une famille séparée et d’un espoir pour demain

En cours d’examen au Parlement, le projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration suscite de nombreuses réactions. Mais derrière les chiffres, les débats et les décisions politiques, il y a des vies, des histoires faites de luttes, de sacrifices et d’espoirs. Mon histoire en est un exemple.

Je m’appelle Mohammed Sheriff SALL. Je suis arrivé en France en octobre 1991, adopté par jugement. Depuis ce jour, la France est devenue ma maison. C’est ici que j’ai grandi, étudié et construit ma vie. Mon parcours scolaire a commencé au groupe scolaire Jacques Prévert de Villefontaine, avant de se poursuivre au collège Louis Aragon, puis au collège et lycée Externat Sainte-Marie de La Verpillière et de Lyon, et enfin au lycée Léonard de Vinci de Villefontaine. Ces années ont forgé mon attachement à ce pays qui m’a accueilli.

Cependant, mon chemin n’a pas été sans épreuves. Après un accident grave, j’ai traversé une période d’isolement jusqu’en 2010, où j’ai pris la décision de m’installer à Grenoble pour me reconstruire. Là, j’ai repris mes études avec une détermination sans faille. J’ai obtenu une licence en économie et gestion, puis un Master 1 en Ingénierie Économique et Environnementale (IEE). Jusqu’en 2017, grâce au soutien de l’administration et à ma persévérance, j’ai pu avancer malgré les défis liés à ma situation de santé. Cependant, à partir du Master 2, ce soutien s’est estompé, et la route est devenue plus difficile.

En parallèle, je mène une autre bataille : celle de réunir ma famille. Depuis le 29 août 2019, mon dossier de regroupement familial est en attente. Ce droit légitime, qui devrait permettre à ma femme et à mes enfants de me rejoindre en France, reste suspendu dans un flou administratif.

En août 2019, j’ai célébré mon mariage en Guinée. Rempli d’espoir, je suis rentré en France avec un acte de mariage. Mais une erreur administrative a compliqué les choses : ce document n’était pas conforme. Le 06 septembre 2019, nous avons signé un nouvel acte à la mairie en Guinée, et je l’ai rapporté en France. Malgré ces efforts, une confusion entre les dates semble retarder le traitement de mon dossier.

Depuis plus de cinq ans, ma femme, Hadja Salimatou SALL, et nos trois enfants — Abdoul Gadhir, Mamadou Yidhi, et Souleymane — vivent en Guinée, tandis que je suis en France, seul. Je travaille et contribue à la société, malgré ma reconnaissance comme invalide de catégorie 1, mais la solitude et l’éloignement pèsent lourd. Chaque jour, mes enfants grandissent sans leur père, et ma femme assume seule toutes les responsabilités familiales.

Mon histoire met en lumière un aspect souvent négligé dans les débats sur l’immigration : l’impact humain des démarches administratives complexes et des délais interminables. Loin des stéréotypes, l’immigration est avant tout une question de liens humains, de familles séparées et d’individus qui aspirent à contribuer à la société qui les accueille.

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