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Mettre fin à la « réforme Peillon » des rythmes scolaires

En tant que professeure des écoles, je tiens à exprimer le désarroi des enseignants face à la réforme des rythmes scolaires mise en place sous le ministère de Vincent Peillon.
Cette réforme, imposée sans concertation des professionnels concernés, et même à leur insu, a considérablement détérioré les conditions d’apprentissage des élèves à l’école maternelle et élémentaire.
En instaurant un rythme irrégulier sur quatre jours et demi consécutifs, sans pause hebdomadaire, elle a accru la fatigue des enfants, perturbé leurs repères, les a rendus moins disponibles, a donc renforcé les inégalités et généré de nouvelles difficultés dans les classes. A partir du jeudi, l’épuisement général fait qu’il n’est plus possible de travailler efficacement.
Cette réforme soulève également le problème de l’autorité, du respect, voire même du statut de l’enseignant. En effet, les élèves sont confrontés, dans une même journée, souvent dans le même espace, à une multiplicité d’intervenants, parfois plus ou moins qualifiés, avec des modes de fonctionnement différents, des règles à géométrie variable, ce qui crée beaucoup de flou et de confusion.
Les temps scolaires et périscolaires ne sont plus clairement identifiés, le professeur devient un « animateur » parmi d’autres, s’évertuant tant bien que mal à essayer de prodiguer un peu de savoir diffus entre deux ateliers.
De plus, la promesse de mise en place d’activités culturelles de qualité n’a pas été tenue, les horaires étant trop morcelés : il n’est pas possible, par exemple, même à Paris, de se rendre au musée entre 15h et 16h30 (c’est le temps du trajet aller-retour).
Cela est pire dans les zones rurales, où les enfants sont laissés en désoeuvrement, à la charge des parents ou d’une nounou, dès le milieu d’après-midi.
Les professionnels de l’éducation, à la quasi unanimité, souhaitent l’abrogation de cette réforme néfaste à leur travail et au bien-être des élèves, et voudraient une vraie concertation pour que les rythmes d’enseignement soient enfin adaptés à un apprentissage optimisé, qui ne laisse pas les plus fragiles en situation de décrochage et tient compte des besoins de chacun.
Beaucoup de collègues se tournent aujourd’hui vers le MoDem, attendent les propositions de François Bayrou, reconnu pour ses qualités et ses compétences en matière d’éducation, et espèrent des perspectives qui amélioreraient sensiblement les conditions d’exercice de leur fonction, si importante pour les générations futures.
Laurence Berger
Professeure des écoles à Paris

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Les réponses (1)

  1. Guénaëlle BOUQUET dit :

    C’est EXACTEMENT ça !
    ex-directrice, j’ajouterai qu’en outre, les mairies se sont réapproprié les locaux scolaires, et parfois même réclamé l’usage des matériels pédagogiques, puisqu’ils sont financés sur budget communal. En maternelle, les ATSEM font leurs pauses pendant le temps scolaire (avant la cantine et avant le périscolaire) A croire que l’enseignement n’est plus qu’un inconvénient, une activité minoritaire que la mairie tolère dans des locaux devenus « centre de multi-accueil ».

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