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Le droit à la première expérience professionnelle

Tous les jeunes, en particulier ceux qui n’arrivent pas à trouver un emploi, connaissent le dilemme du recrutement. Comment peuvent-ils acquérir une expérience professionnelle si on ne leur donne jamais la chance d’être embauchés une première fois ?

L’exigence de formation que nous avons à l’égard des jeunes Français ne s’arrête pas à l’école mais dépasse à mon sens le temps des études, et doit aller jusqu’à proposer à chacun – dans un domaine accessible – une première expérience du travail.

Je propose que l’on crée un droit nouveau : le droit à la première expérience professionnelle, c’est-à-dire que la puissance publique se charge de proposer à tous les jeunes (diplômés ou non), quand ils sortent de formation, un semestre d’expérience professionnelle salariée.

Pôle Emploi pourrait être responsable de cette mission et discuterait avec l’entreprise de ce qui pourrait être pris en charge par l’employeur. Les crédits de formation (ces plusieurs dizaines de milliards d’euros par an) complèteraient le reste.

Nous savons que ce qui est le plus difficile dans le curriculum vitae d’un jeune qui cherche un travail, c’est sa première ligne. En mettant à chacun le pied à l’étrier, je suis certain que nous pouvons changer le moral du pays et de cette génération.

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Les réponses (4)

  1. Yohan MELOTTI dit :

    Merci pour cette proposition de bon sens.

    Il est vrai que la première expérience professionnelle est quelque chose d’essentiel dans une carrière et cette mesure permettrait à la fois aux entreprises de se faire une première idée sur quelqu’un sortant des études en ne s’engageant « que » sur 6 mois et en étant aidées par la puissance publique, ce qui pourrait par la suite débaucher sur une « véritable » embauche en cas de profits réciproques employeur/employé, mais elle permettrait également aux jeunes de mettre un pied à dans le monde du travail, de se créer un réseau, chose essentielle pour décrocher un emploi dans le monde actuel.

    Il faudrait toutefois encadrer cette mesure pour qu’elle ne devienne pas un « sous-contrat » qui amènerait certaines entreprises peu scrupuleuses à embaucher chaque année un nouvel emploi aidé sortant des études pour 6 mois afin d’effectuer le travail qui pourrait/devrait en fait être un emploi pérenne confié à un travailleur en CDI.

  2. Louis GUIGUENO dit :

    A défaut d’avoir un poste dans une entreprise ; certaines collectivités (Communes…) ou Associations pourraient être des Employeurs potentiels…L’important pour un jeune est de se tester , de connaitre le monde du travail…Cela pourrait motiver certains pour reprendre éventuellement des études et/ou choisir une nouvelle voie…

  3. Adrien DUFOUR dit :

    Pour ma part, j’ai un avis plus réservé.

    Je ferai comme première objection que si cette mesure est très certainement utile à ceux qui ont déjà les compétences et à qui ne manque que l’expérience, elle est en revanche moins utile à ceux qui n’ont pas assez de compétences et qu’il faudrait pousser sur les voies de la formation plutôt que sur celles de la vie professionnelle. Mais de nos jours, beaucoup de formations incluent un stage de fin d’étude qui remplit déjà ce rôle, et avec lequel il ne faudra pas faire doublon sous peine de prolonger une période de précarité.

    Il y a d’autres cas où l’apport serait discutable : pour ceux que leurs compétences ou leurs aspirations poussent vers des métiers qui sont très demandés, ou qui n’ont pas besoin de nouveaux travailleurs. Que proposera-t-on à un jeune musicien, ou à un jeune sportif ? Plus généralement, ne pas négliger les aspirations de tous est à la fois nécessaire à la motivation et à la réussite de chacun à son poste, mais inextricablement compliqué pour les services chargés de l’appariement entre les postes et les candidats.

    Enfin, j’ajoute qu’un travail temporaire donne certes de l’expérience, mais ne permet pas de s’installer (trouver un appartement notamment). Il ne sort donc pas complètement de la précarité, ce qui peut avoir une influence sur l’implication du jeune travailleur dans son emploi.

    Je pense donc que ce n’est pas un droit pour tous qu’il faudrait ouvrir, mais une possibilité qu’il faut offrir à ceux qui le jugent bénéfique, pour veiller à ce que cette première ligne dans le CV soit à chaque fois une première ligne profitable et non un coup dans l’eau ou une période de précarité déguisée.

  4. Stéphane MANET dit :

    Le marché de la formation professionnelle continue évolue considérablement, depuis la loi de 2014 sur le CPF (compte personnel de formation) qui crée également le Conseil en Évolution Professionnel, pour permettre aux demandeurs d’emploi de parvenir à des formations. Par conséquent, les crédits de la formation professionnelle (32 milliards/an) vont se déplacer de plus en plus vers les demandeurs d’emploi et il ne me semble pas opportun d’y toucher.

    Cependant cela implique également l’augmentation de la part des 1% formation dédié au FPSPP (fond paritaire de sécurisation des parcours professionnels) qui est actuellement de 0,2% pour les entreprises de plus de 50 salariés.

    Sur le mode de fonctionnement, je suis plutôt défavorable à donner une mission supplémentaire à Pôle Emploi qui a déjà du mal à tenir ses missions actuelles ! En revanche, il existe le contrat de professionnalisation et le contrat d’apprentissage qui peuvent être intéressants pour exploiter ce levier.

    Il faut savoir que les entreprises de plus de 250 salariés assujetties à la taxe d’apprentissage doivent désormais compter 4% de salariés en alternance au sein de l’effectif annuel moyen (contre 3% précédemment). Ce quota se compose : des contrats d’apprentissage et des contrats de professionnalisation. C’est un système de bonus/malus : si l’entreprise compte moins de 4% elle paye une taxe (dégressive selon la hauteur du pourcentage) si elle en compte 4% ou davantage, des aides lui sont accordées.

    Pour ce qui est du contrat de professionnalisation, il permet l’acquisition d’une qualification professionnelle reconnue par l’État et/ou les branches pros afin de compléter leur formation initiale des jeunes de 16 à 25 ans et favoriser leur insertion (ou des demandeurs d’emploi de plus de 26 ans).

    Par ailleurs, dans l’article 50 de la Loi Travail 2016 : « Une aide à la recherche du premier emploi, non imposable et exonérée de charges sociales, est accordée pour une durée de quatre mois, sur leur demande, aux jeunes de moins de vingt-huit ans qui ont obtenu, depuis moins de quatre mois à la date de leur demande, un diplôme à finalité professionnelle et qui sont à la recherche d’un emploi.  »

    Il est également important de noter que les jeunes sans qualification professionnelle ont automatiquement 100 heures de formations dispensées sur leur CPF, alors que les salariés doivent cumuler ses heures selon leurs annuité dans le travail (les heures de DIF sont transférées sur le CPF, mais dans les conditions légales du CPF, ce qui signifie qu’il n’est plus nécessaire de d’informer l’employeur pour suivre une formation si elle ne se déroule pas sur le temps de travail).

    Je rejoints donc complètement Adrien Dufour, cependant j’ajouterais une notion complémentaire qui manque à notre raisonnement : la question du stage en formation initiale (licence et master) : s’assurer de le rendre obligatoire sur toute les filières, d’une part, et créer un système de norme du stage qui permette de s’assurer que les compétences de la fiches de poste soient en adéquation avec les objectifs pédagogiques du cursus (et vice-versa), pendant du RNCP (Répertoire National des Compétences Professionnelles). A cet égard, il sera attendu que cette normalisation des stages soit effectuée par les branches professionnelles en comission (CNPEF).

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