Europe Sécurité et défense

Une proposition pragmatique : organiser des exercices militaires au niveau de l’UE

Tous les pro-européens s’accordent quant à la nécessité d’une défense européenne plus intégrée et plus crédible, face aux désordres du monde. Le concept « d’armée européenne » traduit cette idée, mais il ne pourrait se concrétiser au sens propre qu’une fois réglée la question de la pleine souveraineté de l’UE en tant qu’État, un sujet beaucoup plus vaste et moins consensuel. A moyen-terme, les questions pratiques sont celles de l’interopérabilité des forces militaires existantes et de la rationalisation de leurs moyens (notamment en évitant les redondances inutiles).

Afin de travailler concrètement sur ces points, tout en envoyant un signal politique et diplomatique fort et crédible, une proposition ambitieuse mais réalisable serait d’organiser des exercices militaires de grande ampleur pendant la prochaine mandature du Parlement européen (dans le cadre de la Coopération Structurée Permanente). Le bilan et les leçons à tirer de ce projet seraient ensuite un des thèmes forts à discuter pendant les élections européennes de 2024, pour éventuellement ensuite aller plus loin.

Ces exercices ne comprendraient que des forces d’états membres de l’UE (idéalement de tous, même symboliquement), et seraient complètement indépendants de l’OTAN. Ils seraient menés sous le contrôle de l’OSCE, selon les principes des Accords d’Helsinki. Les puissances militaires significatives du voisinage européen seraient invitées à y envoyer des observateurs (États-Unis, Russie, Turquie, Canada, Ukraine, aussi le Royaume-Uni qui aura certainement déjà quitté l’UE à ce moment-là, et bien sûr l’OTAN en tant que telle).

C’est surtout le principe que j’aimerais discuter ici, mais afin d’illustrer à quoi elles pourraient ressembler voici une idée de thème pour ces manœuvres militaires. Elles pourraient avoir lieu dans l’espace méditerranéen, afin d’éviter des interférences avec les dynamiques sécuritaires actuelles dans le nord et l’est de l’Europe (plus brièvement : les tensions OTAN-Russie). Cela donnerait aussi un rôle central aux pays du sud de l’UE, et constituerait une illustration concrète de notre solidarité avec eux. On pourrait imaginer une composante humanitaire (réaction rapide à une vague de réfugiés), une composante antiterroriste lourde (avec simulation de reprise de territoire tenu par des acteurs non-étatiques, et donc utilisation de blindés et de moyens aériens), et une composante de guerre hybride pour s’entrainer à contrer des actions de déstabilisation mises en œuvre par un acteur étatique.

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