Économie Promouvoir une finance au service de l'économie réelle Archives

Vers une monnaie 2.0

Depuis 40 ans, nous nous débattons entre deux classes de mauvaises solutions :
– laisser filer la dette pour relancer l’économie et hypothéquer l’avenir de nos enfants
– appliquer une politique de rigueur pour réduire cette dette et désespérer tout un pays

En 1916, Clifford Hugh Douglas, un ingénieur écossais découvrait que, sauf dans les entreprises allant vers la faillite, la somme des salaires et dividendes versés aux employés et actionnaires ne permettait pas d’acheter la production de leur propre entreprise. La cause de ce phénomène est liée à notre mode principal de création monétaire : la dette et plus particulièrement la destruction monétaire qui accompagne le remboursement de cette dette.
Pour comprendre la portée de ce constat, il faut en imaginer les conséquences au niveau d’un pays : si l’ensemble des revenus distribués dans un pays ne permettent pas d’acheter la totalité de la production de ce pays, que fait on de cette part de la production que l’on ne peut pas se payer ? On la stocke, on la détruit ? Et que deviennent les entreprises qui ne peuvent pas écouler la totalité de leur production ?

Celui qui se faisait appeler le Major Douglas fit en 1924 une prédiction qui vue de 2016 semble presque prophétique.
Il n’y a que trois issues possibles pour une zone économique face à ce manque d’argent structurel :
– faire banqueroute
– s’endetter indéfiniment. L’endettement des états permet d’injecter dans l’économie l’argent qui manque.
– faire en sorte que d’autres zones économiques s’endettent à votre place. En ayant durablement une balance commerciale excédentaire, l’argent qui manque vient de l’étranger.

Pour compenser ce phénomène, Douglas préconisait un système de création monétaire différent, le crédit social. L’argent qui manque pour faire tourner l’économie est créé sans contrepartie et distribué uniformément entre tous les citoyens, une sorte de revenu universel justifié par les lois fondamentales de l’économie.

En 2010, Stéphane Laborde parvient exactement à la même conclusion en cherchant à modéliser mathématiquement une monnaie « équitable » pour les générations présentes et à venir. Sa Théorie Relative de la Monnaie pose les bases de ce que pourrait être une monnaie « moderne » : pour une espérance de vie moyenne de 80 ans, la masse monétaire doit être en expansion de 6 % par an, ce qui correspond à un revenu citoyen de 300€/mois.

La politique d’Assouplissement quantitatif menée par la FED et la BCE est certes un moyen de limiter les effets de ce défaut originel de notre système monétaire (les banques centrales créent de la monnaie pour rembourser une partie de la dette des états). Cela semble immoral et contre-intuitif mais cela fonctionne, un peu.
A l’heure de la blockchain et des paiements sans contact, on peut faire beaucoup mieux et une réforme en profondeur de notre système monétaire sera nécessaire pour sortir de cette litanie de mauvaises solutions.

Nous avons besoin de votre avis

Les réponses (0)

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire