En cours de philo quand j’avais 17 ans, j’ai pu formuler ce que les échanges que je vivais depuis quelques années avec mon entourage me procuraient : « pour exister, il me fallait confronter mes idées à l’Autre et prendre de lui la part que je n’avais pas explorer ».
Depuis ce jour, je n’ai cessé de partager ce que je vivais, de ces soirées à m’enivrer de discussions.
Aujourd’hui, à 50 ans tout juste, je continue de croire que ma richesse je la dois aux autres, que je n’ai pas pu me constituer seul, que je suis un ensemble de pensées.
33 années durant lesquelles c’est la culture qui m’a guidé. Mon goût pour l’esthétique, le beau, l’histoire, le patrimoine, ce qui choque, me remue, n’a cessé de s’amplifier au fil de ma vie. La culture permet de comprendre, d’avoir les clés de ce qui s’est passé avant nous, d’initier ce qui va se passer dans le futur. Si l’on comprend l’Autre, on le respecte comme soi-même, on respecte sa vie, ses moeurs, son histoire.
C’est le cas pour les peuples mais c’est aussi valable pour mon voisin. L’incivilité tient au fait que l’on se sent anonyme, on ne respecte pas l’inconnu car personne n’est là en face pour dire que cet acte me gêne. Il faut relire le Petit Prince et le message d’apprentissage envers les inconnus qu’il transmet, s’apprivoiser et devenir amis. Ma vie m’a montré que le média pour y parvenir c’est la culture et c’est toujours contre la culture que les extrêmes s’acharnent : brûler les livres, dynamiter des temples, couper les mains des musiciens.
Pourtant chaque homme possède une histoire, la sienne, celle de son peuple, son ethnie, qui ne peut être effacée et les témoignages de cette histoire sont riches d’un élan de toute une communauté. Chacune différente de celle du pays voisin, de la religion d’à côté. C’est toute l’humanité qui se retrouve dans la culture.
J’ai deux filles, l’aînée, Rachel porte deux autres prénoms Marie et Sifa. Ses prénoms sont originaires des trois cultures monothéistes qui ont fondé notre société. Ma seconde fille se nomme Sasha, Marie et Ludmila, témoins de la Grèce antique, de l’Occident et de l’Europe Centrale. Je ne leur souhaite pas de vivre dans une société qui montrait les hommes les uns contre les autres mais de vivre dans le partage, le respect des valeurs, de la culture, du patrimoine. De ce qui est beau, agréable plutôt que de menaces, de craintes et de conflits. La culture est capable de rapprocher jeunes juifs et jeunes palestiniens qui ne souhaitent que de passer un peu de bon temps ensemble en écoutant de la musique dans un club.
La culture peut le faire et comme le dit le poncif : la culture coûte surtout cher quand il n’y en a pas. En 2014, si je ne me trompe, un euro investi dans la culture apportait 8 euros en retour dans l’économie et avec une connotation positive immense. Cette culture et joie de vivre que le monde nous envie et que d’autres essayent de détruire. Il nous faut la faire vivre, c’est un point déterminant pour notre avenir.