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Pour une politique de sécurité au service des territoires stigmatisés

La réalité qui aujourd’hui défie le plus la mission de paix publique des policiers est celle d’une quasi guerre pour les empêcher de l’exercer sur certains territoires, où de nombreuses personnes sont ainsi soumises à la peur, dans l’impossibilité d’avoir une vie normale. Il n’est pas admissible que leur seule solution soit celle de « l’exfiltration ». Il me semble que depuis ses débuts la politique de la ville inverse l’ordre des priorités. Si un quartier réputé difficile est d’abord l’objet d’efforts d’équipement propres à y rendre la vie plus agréable, mais que les facteurs humains du mal vivre y perdurent (agressions, dégradations, trafics, communautarisme), l’essentiel reste à faire. Ne serait-il pas plus rationnel que le retour d’un niveau de sécurité acceptable y précède une réhabilitation urbaine durable, recréatrice d’un sentiment d’appartenance à la nation ? 1/ S’il y a une « affirmative action » à y promouvoir en faveur des populations dont la vie est empoisonnée, c’est peut-être déjà en agissant auprès des assureurs pour que, dans un périmètre éligible à ce droit, les particuliers aient un accès aux réparations de tous ordres (véhicules, habitat…) financièrement abordable, s’il le faut au prix d’un mécanisme de solidarité nationale et d’un suivi accru du risque frauduleux. Un tel geste atténuerait au moins le sentiment d’abandon. 2/ Les services publics, en tout cas les mairies et l’Education, ont souvent une implantation dans les quartiers reconnus « sensibles ». Si une police de proximité est restaurée au profit de ces derniers, elle pourrait voisiner avec ou s’appuyer sur cet existant immobilier, sous la forme d’un « Espace du Service Public » accueillant d’autres composantes qui, avec elle, donneraient à la population la possibilité d’une prise en charge de ses besoins, et avec elle le sentiment de ne plus être abandonnée. Les services de sécurité (police municipale, police nationale de proximité, secours) pourraient y assurer une présence permanente, les amenant à reconfigurer leur organisation. Du fait de leur coût, de telles mesures ne peuvent s’envisager que dans le cadre d’un redéploiement significatif de la politique de la ville, en passant par une expérimentation ciblée.

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Les réponses (1)

  1. Michel CHAPON dit :

    Le principe de l’exfiltration me scandalise, entre autres choses,
    Ce sont les quelques nuisibles des vies de quartiers qui devraient être exfiltrés, même s’il sont 20 issus de 20 familles.
    Où ? Camps de rétention isolés, sans internet, sans téléphone. Des journaux, des livres, des binettes et un potager pour accéder à une alimentation variée… un bagne de campagne.
    Faut-il sortir les loups de la bergerie ou se résigner à sortir les agneaux et leurs mères ?
    Les prisons coûtent cher, en partie parce que les procédures de privations de liberté sont homogénéisées pour tous les délinquants et les mesures de sécurité sont identiques pour tous les profils de délinquants à criminels dangereux (ceci doit-être en partie faux, mais).
    Un coupable doit être condamné à une peine, qui le gêne, dont il aura honte, une peine qui le guérira de la facilité de recommencer, un moment de réflexion sur soi-même pour reconnaître aux autres le droit de vivre dans la sérénité. Je préférerai que la phase de réintégration par formation scolaire tardive, et formation professionnelle soit plutôt à l’extérieur. Je ne souhaite pas que la réussite de sa vie notamment professionnelle soit basée sur l’alternative l’ENS ou la tôle, les voies médianes doivent rester supérieure à la tôle.
    La peine peut être extérieure à 4 murs, mais cela doit rester une contrainte, si la contrainte est refusée, la peine monte en gamme.
    Le corollaire à l’exigence d’une vie rangée pour chaque citoyen des « quartiers » ou campagne !! … est que chacun, fut-il grassement rémunéré, « responsable » ou gueux et sans-dent doit être respectueux des règles les plus futiles de la République et des collectivités. Et la peine doit être également ressentie par chacun, l’égalité doit trouver un autre chemin qu’actuellement, .
    Il n’y a pas égalité de peine si une prune à 135€ s’affiche sur l’essuie-glace d’une vieille panda ou sur celui d’une colossale berline allemande… l’égalité de la peine doit être l’égalité du ressenti de la peine, si 135€ vaut 2 jours de subsistance à l’un, l’autre devrait avoir la même, pour se sentir plus égal dans son incivilité.
    Naturellement il y a un besoin de réviser les limitations de liberté dans ce qui est réellement justifiables. Pour le domaine de la route, les limitations sont assorties d’implicite tolérance, la loi devient translucide, si ce n’est transparente, et le non-respect devient la règle, qui justifie d’autres débordements.
    Charité bien ordonnée commence par soi-même.

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