L'organisation de l'État et des services publics Autres

Supprimer l’ENA

1- Les énarques n’ont pas une bonne image aujourd’hui : issus des classes sociales supérieures, ils ont pu s’élever facilement dans leur scolarité et se faire adouber par leur réussite au concours d’entrée de la prestigieuse école. Leur diplôme en poche, et devenus membres à part entière de ce précieux réseau, ils peuvent alors faire tout ce qu’ils veulent : tenir des postes de direction dans la fonction publique, passer un peu de temps dans les cabinets ministériels, pantoufler de façon temporaire ou permanente dans le privé, voir faire de la politique tout en voyant leur ancienneté dans la carrière s’incrémenter… et en tout cas en étant assurés de pouvoir revenir si besoin au chaud dans leur corps d’origine. Ils y reviendront peut-être dans un placard, mais le placard sera doré. La mondialisation, ils n’en connaissent pas les inconvénients eux !
2- Cette façon de faire ne fait pas un bon emploi de la meilleure matière grise du pays. Pour deux raisons. La première est que – c’est bien connu – les qualités pour gagner le concours ne sont pas forcément les mêmes que pour assumer les fonctions auxquelles il donne accès. Nous avons eu dans notre pays d’excellents énarques, qui ont eu des résultats remarquables. Mais nous avons aussi tous connu des têtes bien faites, qui sont capables de comprendre en quelques minutes des problématiques complexes, mais qui n’ont aucune compétence pour diriger les hommes. D’autant que le système d’évaluation de la fonction publique ne pousse pas forcément ces êtres d’exception à sortir leurs tripes pour la bonne cause. On court donc le risque de mettre au ralenti d’excellents cerveaux …
3- La deuxième raison de ce gaspillage de matière grise est de limiter ces brillants sujets à des fonctions administratives dans le cadre protégé de l’Etat, et plutôt en marge de la guerre commerciale qui fait rage au niveau mondial. Pourquoi donc ne pas les mettre dans le grand bain, et leur proposer de déployer – sans élastique – leurs talents dans le monde concurrentiel et se confronter à leur alter egos des autres pays ? A les obliger à faire, après qu’ils se soient battus pour être. Les bons y feront merveille – Schweitzer, Gallois, Ghosn… – les autres seront essayés à d’autres tâches, et les mauvais mis à la place qu’ils méritent vraiment, sans révérence pour leurs peaux d’âne. Comme n’importe quel gilet jaune !
4- Quant à la formation dispensée par l’école, elle pourrait très bien être dispersée dans quelques universités, dont elles rehausseraient ainsi le prestige. Ceci permettrait de varier les filières d’accès à la haute fonction publique, et de réduire la standardisation de la façon de penser.
5- L’ENA a été créée après la guerre, pour reconstruire le pays, à une époque révolue où l’Etat gérait l’économie, et où les hauts fonctionnaires servaient l’Etat pendant toute la carrière.
N’est-il pas temps de supprimer ce symbole de la technocratie toute puissante ?

Nous avons besoin de votre avis

Les réponses (1)

  1. PREVOST dit :

    C’est tout le problème des « grandes écoles », polytechnique a largement contribuée à une certaine époque à mettre notre Industrie à terre….etc. Si nos Universités avaient « fabriquées » plus et mieux des hommes et des femmes capables d’entrer dans la vie professionnelle (comme cela est de plus en plus le cas) ces grandes écoles n’auraient pas autant d’importances et délivreraient moins un « passeport » pour la vie. Cela dit supprimer l’ENA n’est surement pas une bonne idée à ce jour, une réduction des effectifs de chaque promotion, pourrait en diminuer les inconvénients que vous dénoncer.

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire