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RAPPROCHER PARIS DE LA « FRANCE PROFONDE »

A bien des égards Paris se détache en tête du pays, vit à plein…et semble parler davantage à l’Europe qu’au reste de la France.
Pour beaucoup d’habitants des départements plus ou moins lointains, Paris reste « une autre planète », un bon cran au-delà des autres métropoles, et le siège lointain du pouvoir.

Paris suggère des sentiments contradictoires : fascination (spectacles et grands musées, médias mais aussi hôpitaux et services publics plus développés, grands lycées difficilement accessibles…), peur d’un univers auquel on n’est pas initié, et surtout ce sentiment qu’on est « au fond du trou » quand on vit dans une bourgade minée par le chômage, par des revenus (agricoles et autres) misérables, où l’éducation n’est « pas au niveau », les commerces et cinémas disparaissant les uns après les autres.
C’est là que s’installe l’impression que la vie du pays se fait ailleurs et qu’on n’a plus rien à y voir. Beaucoup pensent cela, qui sont aussi des électeurs, et qui s’abstiennent de plus en plus, persuadés de n’être plus dans le jeu.

La conséquence est qu’insidieusement… la tête ne communique plus correctement avec le corps… Pour maintenir l’unité il y a bien quelques villes moyennes qui, heureusement, se débrouillent et font une transition avec Paris (encore faut-il en avoir une pas trop loin) mais la capitale, ce n’est pas qu’une grosse ville… Il y a aussi les parlementaires dont beaucoup pensent que le premier souci n’est pas toujours leur circonscription… Et il y a les réseaux sociaux, ouverts à tout le monde qui font la nouvelle unité du pays.

Que faire pour résorber cette fracture territoriale, moins flagrante que d’autres mais tout aussi pernicieuse parce que, se pensant abandonnés, ces Français de la ruralité marginalisée se tournent de plus en plus vers les marchands d’illusions.

Que faire pour que les « provinciaux » se réconcilient avec cette « capitale » qui est, en principe celle de tous ?
Sur le long/moyen terme l’école, en particulier, devrait au moins pouvoir faire en sorte que tous les petits Français aient mis les pieds à Paris avant l’âge de 10-12 ans (école élémentaire)… Que les adolescents soient allés à l’Assemblée ou au Sénat avant 15 ans (collège), et dans une grande institution européenne avant 18 ans (lycée, en particulier les lycées professionnels mais aussi les autres).
Après l’âge scolaire, on pourrait aussi proposer des programmes de découverte qui iraient au-delà de la promenade touristique, assortis de transports et logements de groupe abordables. Beaucoup d’associations et de petites mairies seraient intéressées.
Quoi d’autre ?

On serait surpris si on savait combien de Français n’ont jamais mis les pieds à Paris. Personne ne le demande jamais… Serait-il stupide de s’en inquiéter ?

Comment créer ce lien avec la capitale et ce qu’elle incarne, désenclaver, aider à la cohérence du pays ? Il ne suffit pas de constater les progrès du FN dans la France rurale…

Nous avons besoin de votre avis

Les réponses (4)

  1. Fabien DELASPRE dit :

    Je ne trouve pas cela stupide de s’en préoccuper… seulement, étant originaire d’un de ces petits « paradis » perdus/enclavés, je fais le constat que je n’ai jamais visité ma Mairie (sauf l’administration, et la grande salle pour le vote) ou assisté à un conseil municipal et encore moins visité le conseil général… Je crois que plus que la réconciliation entre le Pouvoir politique parisien et les futurs citoyens, on devrait les familiariser au niveau local. Mais l’étape suivante: Paris!
    Je pense d’ailleurs abordable que chaque Région se voient attribuer un bâtiment dans la ville de Paris pour y faire venir ses étudiants, type « colonie » de vacances. Qu’elles devront gérer elles mêmes!

  2. Marie-José CAZEAUX dit :

    Paris c’est le Diable pour beaucoup de monde qui ne connait pas. Un peu comme l’Europe. Et tout ce qui est à la fois lointain et puissant.
    D’où la tentation du repli sur soi.
    « CHEZ NOUS »… RUFIN a drôlement bien choisi son titre.

  3. Michel CHAPON dit :

    Mais sur quelle planète vivez-vous.
    Paris n’est pas la France.
    Le monde n’est pas que mégalopoles.
    Prenez votre vélo, sautez dans un train et partez à la découverte des merveilles de France bâties par la géologie, par la biologie et par la main de l’homme. Il y a des merveilles au détour de chaque chemin, de chaque ruelle, ou en poussant quelques portes d’églises, en arpentant quelques ruines à peine décelables, en regardant le paysage que débroussaillage, épierrage, amendements de main d’ homme en 10, 15 ou 25 siècles ont transformé en véritables jardins.
    Ca n’a pas besoin d’être référencé à l’Unesco, il suffit d’ouvrir les yeux. Ceux qui savent regarder ont souvent un appareil photo, un papier et un crayon ou une palette de pastels.
    Nos petites têtes blondes ou brunes, il faut juste leur apprendre à regarder et à voir, le beau est ce qu’ils apprécieront, là où il est, là où ils sont ; Il faut leur apprendre la curiosité du voyage et de la différence, la traversée du canton ou du département suffit largement grâce à l’extraordinaire diversité de la géologie, donc des environnements, donc des agricultures, donc des bâtis, et à la diversité des cultures régionales qui se lit dans chaque geste quotidien des habitants du présent et du passé.
    Il ne faut surtout pas leur enseigner le culte de la capitale, de l’artificiallisation, gouffre sans fond où se morfondent des millions de banlieusards, le culte du voyage en avion pour accéder au dépaysement
    Le futur est de revitaliser les régions, votre « France profonde », la clé est d’imaginer des voies de production décentralisée, peut-être pour des produits importés largement ou totalement, réinventer la petite unité de production, même organisée en réseau, … dès qu’il y aura une connexion raisonnable au web dans chaque village, et le téléphone… ! Il faut trouver des idées, je n’en ai que pour l’agriculture, loin des poncifs mediatico-parisianistes
    La vie dans un univers moins concentrationnaire que Paris et régions est un plaisir, pas une peine, pas une punition. La punition est que des parisiens dictent les modes de vie à ceux qui ne sont pas en métropole, que des parisiens, qui toussent derrière leur diesel au lieu de faire les 3km en vélo, s’arrogent l’expertise de la bonne conduite agronomique des différents terroirs de France.
    Si vous pensez à la culture, à l’art, il est à chaque coin de rue, même si l’artiste, c’est-à-dire le bon artisan, n’est pas souvent référencé chez Drouot.
    Je suis né dans le 75, j’ai vécu et étudié à Paris, j’ai choisi l’agriculture productiviste pour nourrir nos concitoyens, afin qu’ils ne tapent pas plus que de raison dans le frigo des habitants du monde, sous prétexte qu’ils sont plus riches. J’ai vécu dans diverses régions avec un plaisir immense. J’habite actuellement une ancienne capitale de France !
    Je ne supporte pas ce sentiment de supériorité qui transpire de votre texte et dont je vous garanti qu’il n’est pas fondé …
    Aussi haut que l’on soit assis, on ne l’est toujours que sur son c…
    Je crains que votre discours et votre mentalité soit un des éléments fondateurs du repli de trop de ruraux, … et citadins, … et parisiens vers des candidats dont les programmes ne m’agréent pas plus que vous, bien trop loin de la recherche de réponses constructives à chaque question ou difficulté.
    … nous ne passerons pas nos vacances ensemble…

  4. Marie-José CAZEAUX dit :

    J’habite un petit village de l’Aude, je suis aussi à Paris et à Toulouse assez souvent, et je vois le déphasage…
    Au point où nous en sommes, c’est l’unité du pays qui est en jeu. Ruralité et capitale (et même métropoles) divorcent… Voir le vote FN dans des villages où il n’y a ni immigration ni insécurité. On rejette les grandes villes, et Paris, c’est le Diable… Il est très dangereux de laisser s’élargir cette faille…
    Je ne choisis pas l’un OU l’autre, mais l’un ET l’autre… Je dis que ces univers différents doivent d’abord se connaître, ce qui n’est pas le cas actuellement, ou pas assez (d’où mon message) pour pouvoir travailler ensemble au bénéfice du pays.

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