Il n’est pas aisé d’émettre des idées dans des thématiques isolées dans la mesure où tout se rejoint. La fiscalité va de pair avec l’écologie et les services publics notamment dans la problématique des transports. Je suis professeure d’histoire géographie, habite dans un territoire rural et travaille dans un autre territoire rural. Faisant partie de la classe moyenne dite « aisée », je suis de celles qui paient pour tous (n’avoir droit à rien, ne pas être assez riche pour bénéficier des niches fiscales…) et je vis dans un endroit où l’Etat a déserté depuis longtemps (aucune structure culturelle, sportive dans un rayon de 28 km, gare à 15 km en encore que dans un sens, hôpital à 30 minutes…). En tant que géographe, je me rends compte qu’on marche sur la tête. Le programme de 3e évoque à la fois la métropolisation du territoire et son aménagement. Les textes en vigueur parlent toujours d’un principe d’égalité des territoires alors qu’en réalité cela fait longtemps que ce n’est plus le cas.
Il me semble que tout donner aux métropoles est une hérésie en termes « d’habiter » un territoire et d’environnement. Il faut décongestionner des villes asphyxiées et répartir les activités. La fiscalité est progressive uniquement sur le montant des revenus. Depuis des années, je me demande pourquoi je paie et cela fait longtemps que je pense qu’il faudrait rendre progressif l’impôt en fonction de ce qui est offert. C’est une des raisons de la crise des gilets jaunes.
Enfin je voulais faire part d’une aberration totale dont personne ne parle. En tant que fonctionnaire, je reçois chaque année un formulaire de demande de prime pour les déplacements professionnels si je prends les transports en commun. C’est risible. Il n’y a pas de transports en commun qui existent là où je vis ! C’est la double peine. A ceux qui bénéficient déjà de transports en commun, on leur verse une indemnité alors que ceux qui sont contraints de prendre leur voiture car il n’y a pas d’alternative, ils n’ont qu’à payer. On retrouve ici aussi la cristallisation du mouvement car, en plus, on nous pointe du doigt en nous traitant de pollueurs. Je comprends de plus en plus le désintérêt de nos concitoyens et de nos jeunes pour la politique quand on regarde les résultats des 30 dernières années.
Enfin, depuis longtemps, je suis convaincue que tout le monde doit payer des impôts sur le revenu. Vous l’avez proposé et avez été désavoué. J’étais allée plus loin. Il faut que tout le monde paie quitte à verser aux plus modestes une indemnité compensatrice. C’est indispensable afin de sortir d’une société où beaucoup clament leurs droits mais oublient leurs devoirs, où on croit que tout est gratuit et où la citoyenneté se délite. Quand on contribue, on responsabilisé davantage les gens.
Nathalie Lutz