Bonjour, je suis enseignante depuis maintenant plus de 32 ans en tant qu’agrégée de philosophie. J’ai vu le pouvoir des proviseurs augmenter au fil des années et au détriment du bien commun, avec la division de l’ensemble des équipes par la constitution d’une véritable cour de professeurs à la botte du chef d’établissement. Ce dernier pouvait ainsi détourner les ressources du lycée pour les mettre au service de proches (distribution des classes par exemple) et j’en fus le témoin malheureux. Les pressions sur les professeurs et les tâches inutiles augmentaient d’autre part, diminuant la qualité de l’espace de leur travail. Ce qui faisait l’équilibre de notre système éducatif, c’était justement un établissement où chacun jouait son rôle sans empiéter sur le territoire des autres, avec une force d’opposition syndicale qui pouvait limiter les excès de pouvoir de façon bien plus ferme que de nos jours. Donc, non, je ne pense pas qu’il faille offrir davantage d’autonomie aux chefs d’établissement. Certains n’en sont pas dignes. Il n’est d’ailleurs jamais bon qu’un pouvoir ne rencontre aucun contre-pouvoir, ni une diminution de ses limites, comme l’a signalé depuis longtemps Montesquieu.